2.15.2010

Trip hop story

Ce style typiquement britannique est né à la fin des années 80 suite à de multiples mélanges d’influences comme la soul, le dub ou le jazz, le tout bercé de technologie high-tech et de sonorités électroniques. Aujourd’hui, il peut être considéré comme le son anglais le plus influent des années 90, capable de réconcilier les genres et les générations et dont l’influence à atteint toutes les sphères musicales.

Melting-Pot sonore
D’un point de vue historique, on rattache communément les origines du trip hop aux versions instrumentales issues des faces B des productions de hip hop des années 80. Les travaux sur l’échantillonnage et la construction rythmique élaborés par des DJ’s comme Grandmaster Flash ou DJ Premier ouvrent alors la voie à de nouvelles formes d’expérimentations.

Le breakbeat, c'est-à-dire la rythmique spécifique au hip hop, va progressivement devenir l’élément central de morceaux instrumentaux qui donneront naissance au trip hop.

Le genre se nourrit également de tout un pan de la musique populaire de ces 40 dernières années : l’easy-listening ou lounge music (Scott Walker, Burt Bacharach, Erik Satie,...) , l’ambient (Brian Eno, Can,...), la musique symphonique et, la musique de film (Michel Legrand, Henri Mancini,...), pour leur côté mélancolique et dramatique, le free jazz (Sun Ra, Miles Davis,...), le dub/ragga avec les expérimentations sonores de Lee Perry, du label On-U-Sound,…

En 87, l’explosion de la house en Angleterre ouvre de nouvelles perspectives. Le  duo Coldcut (Matt Black et Jonathan More) compose les premiers titres entièrement basés sur des extraits d’autres disques : “ Beats & Pieces ”, “ Say Kids, What Time Is It ”,... Ceux-ci seront le déclencheur de nombreuses vocations avec la démocratisation de ces nouvelles technologies musicales.

En 1988, la vague acid-jazz(Galliano, Brand New Havies, le label Talkin’ Loud,...) réhabilite le funk des années 70, les bandes-son de Lalo Schifrin et les grooves jazz. Destiné essentiellement aux clubs, le genre s’essouffle et disparaît progressivement, malgré quelques soubresauts début 90 (Ronnie Jordan, US 3, Jazzmatazz,...), laissant derrière lui le champ libre aux expérimentations à venir.


Bristol : berceau du trip hop
 Géographiquement parlant c’est à Bristol que le trip hop voit le jour. Cette ville, située sur la côte ouest anglaise, dispose d’une scène spécifique bien loin des modes musicales de la capitale londonienne.

En effet, la ville a une longue tradition multi-culturelle et une forte communauté caribéenne. En dehors des circuits classiques, une scène dub métissé s’est développer dans le quartier de St Paul, la petite Jamaïque locale, et à travers plusieurs sound-systems tribaux.

Bristol compte également nombre de clubs de jazz, de rap, de reggae, d’indie ... moins obsédés par la mode que ceux de Londres, ce qui peut expliquer le caractère protéiforme de la musique qui y est produite.

Si l’on considère que le premier album de trip hop est le “Blue Lines ” de Massive Attack sortie en 1991, il faut néanmoins remonter 4 années en arrière pour observer cette gestation.

Ainsi, dès 1987, le collectif rap “Wild Bunch” démarre son activité sur une scène bristolienne en pleine effervescence. Outre le noyau dur de Massive Attack (Robert Del Naja alias 3D, Grant Marshall alias Daddy G et Andrew Vowles alias Mushroom), ce regroupement artistique comptait à l’origine des personnalités comme Tricky, Nicolette, Neneh Cherry et Nellee Hooper.

Pour l’anecdote, au moment de l’enregistrement de “Blue Lines”, Geoff Barlow (futur créateur de Portishead) et Simon Russell (futur créateur de Monk & Canatella) sont présents derrière les consoles de mixage.

Mais, ce n’est réellement qu’en 1994 que le terme trip hop fait son apparition grâce à un journaliste anglais, Dom Philips, du magazine Mixmag.

Les chefs de files du mouvement portent alors les noms de Massive Attack, Tricky, Portishead, DJ Shadow, DJ Vadim, Funki Porcini... Ces derniers remportent un vif succès auprès d’un public européen séduit par l'esthétique soignée et l'ambiance soul sur laquelle vient se greffer des rythmes syncopés.


Trip Hop labelisé !
Face à ce début de reconnaissance, une multitude de labels anglais se développe consacrant ainsi le genre. Citons le label incontournable Ninja Tune, monté en 1990 par le duo Coldcut (Matt Black et Jonathan More), qui produit les premières œuvres de Up Bustle & Out, Funki Porcini, DJ Vadim,...

Tout aussi important, signalons le label Mo’Wax fondé en 1992 par le DJ, James Lavelle, qui gagnera ses lettres de noblesse grâce à des artistes comme DJ Shadow, La Funk Mob, DJ Krush, Air,... Pour se faire une bonne idée des artistes de ce label écoutez donc la quadruple compilation CD “Headz2” regroupant quelques 54 titres !

Dans la même veine, le label Pussyfoot est créé en 1993 par Howie Bernstein grand gourou de studio ayant entre autres assuré la production des albums “Pop” de U2 et “Homogenic” de Björk. Outre de très bonnes compilations maison comme “Best Foot Forward” ou “Pussy Galore”, le label d’Howie B propose les albums de ses artistes maison comme Naked Funk, Spacer, Sie, Dobie,...

A cette liste, il faut bien sûr rajouter des labels comme Octopus, Pork, Grand Central, Compost (Munich), Wall of Sound, l’inévitable Cup of Tea,… et des artistes comme Morcheeba, The Aloof, Pressure Drop, Sneaker Pimps, Broadcast, Esthero, Jay Jay Johanson, Crustation, Jimi Tenor, Moloko, Archive,...


La touche française
Si les Anglais sont les principaux instigateurs du mouvement, les musiciens Français proposent leur propre interprétation du trip hop en puisant leur inspiration auprès de musiciens tels que Michel Legrand, Valdimir Cosma, Michel Colombier,…

Dans les 90's, des artistes tels que DJ Cam, The Mighty Bop, Air, Imhotep, Doctor L, Bang Bang, ou Kid Loco sont plus connu, et reconnu, à l’étranger que dans l’hexagone.

Quelques labels français se distinguent par leurs productions raffinées, entre hip hop et pop, à l’image de Yellow Productions, Artefact, Source, Inflammable, French Motel,...

Florian S
Photo : DR