Fin 2006, le volume 3 de la série Misch Masch nous dévoilait une sélection concoctée de main de maître par DJ Hell. Le créateur du fameux label International Deejay Gigolo profitait de cette opportunité pour réunir sur un deuxième CD ses remixes rares. Alors que sort le dixième volume des compilations Gigolo, coup de projecteur sur ce dandy de l'electro.
DJ Hell : J'ai réalisé un premier album, "Munich Machine", sur Disko B puis j'ai créé mon label car j'avais envie d'exprimer des choses différentes dans le monde de la musique. Après trois albums studio, j'ai acquis une certaine méthodologie dans la façon de composer. Ma musique a une touche dark et mélancolique, c'est la façon dont je m'exprime en tant que DJ, producteur et c'est peut-être dans ma nature. Mais je ne suis pas quelqu'un de profondément pessimiste, je suis plutôt un bon vivant.
Après plus de 20 ans d'activité en tant que DJ, est-ce dur de garder la même excitation pour la musique ?
D.H. : En fait, c'est assez facile. Il y a 20 ans, j'ai débuté en tant que DJ sur la scène punk puis j'ai suivi l'évolution des différents mouvements, que ce soit le hip hop ou la techno. À chaque fois, j'étais là au début et j'ai vu les choses partir de zéro. En tant que producteur, je peux aujourd'hui utiliser cette connaissance pour mon travail, pour créer quelque chose de plus personnel, qui ne soit pas une copie de ce qui se fait en ce moment. Je sais parfaitement comment cela doit sonner et la façon dont je dois m'y prendre. C'est ce que j'essaye de réaliser avec Gigolo et en tant qu'artiste.
Alors que tu es un DJ et un producteur reconnu internationalement, peux-tu nous dire quelles sont les réactions que suscitent tes sets et ta musique à travers le monde ?
D.H. : J'ai de bons échos en provenance de la scène gothique et de la presse rock en général. J'ai toujours eu d'excellentes réactions de la part de l'Espagne qui trouve que ma musique est funky, sexy, dark. Les Anglais, quant à eux, disent que je fais de la dance-music barrée alors que les Américains trouvent que c'est plutôt du rock dansant. Les Allemands pensent que ce n'est pas de la techno et les Français considèrent que ma musique offre différentes perspectives, qu'elle est variée et ne correspond pas à une recette... Les Japonais adorent ce que je fais alors que les Italiens comparent mon travail aux musiques des défilés de mode car beaucoup de DJs transalpins évoluent dans ce milieu.
Sur tes photos de presse, tu soignes ton look. Sur les plus récentes, tu arbores la même perruque qu'Andy Warhol… Quelle importance attaches-tu aux modes ?
D.H. : J'aime changer de style en permanence. Je ne souhaite pas revendiquer le fait d'être à la mode, dire que je suis le producteur le plus novateur du moment, que Gigolo est le meilleur label du monde… On fait ce que l'on croit être bien et si l'on donne l'impression d'être à la mode à certaines personnes, tant mieux. Mais, je ne dirai jamais que je suis une "hype machine". J'aime le fait de pousser certains artistes à concrétiser les idées qu'ils auraient peur de réaliser. En revanche, il m'arrive de mixer dans les shows de mode comme j'ai pu le faire pour Versace, par exemple. Ce qu'il y a de bien avec ce genre d'exercice, c'est que tu peux voir ce qui se passe dans les coulisses de ces grands défilés. C'est un boulot très précis, très dur et j'essaye de m'imposer le même genre de discipline avec Gigolo.
Propos recueillis par Laurent Gilot
Photo : DR
Photo : DR
DJ Hell "Mish Masch Vol.3" (Fine/Nocturne)
International Deejay Gigolos CD TEN (Gigolo/Nocturne)





