3.30.2009

Röyksopp, Junior, Norwegian mood

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Ce printemps 2009 est marqué par le grand retour de duo norvégien après presque 5 années de silence discographique. Pour l’occasion, Röyksopp a invité une poignée de voix féminines sur un troisième album en forme de mille feuilles électro-pop : « Junior ». Entretien.

Il y a quatre ans, comment a été reçu votre second album « The Understanding » ?
Svein Berge : Il a été accueillis de différentes manières. Ceux qui s’attendaient à un autre « Melody A.M. » ont été quelque peu déçus alors que ceux qui ont compris que nous avions besoin de ne pas nous répéter, ont apprécié notre démarche. D’autres, ont trouvé qu’il y avait trop de parties vocales, de chansons et que le disque était trop aérien. Mais sans « The Understanding », nous n’aurions pas pu produire notre nouvel album « Junior » car il y avait déjà un gros travail au niveau de l’écriture des morceaux et des paroles.

Justement, comment décrirais-tu votre nouvel album « Junior » ?
Sur « The Understanding », il y avait comme un sentiment puissant de mélancolie alors que sur « Junior », nous voulions proposer un album très diversifié avec des sentiments contrastés qui s’expriment à travers chaque chanson. Nous voulions également que celui-ci soit plus optimiste et bourré d’énergie. Nos albums sont toujours le reflet de notre état d’esprit au moment de leur enregistrement. Cette fois-ci, nous étions plus confiants, plus détendus que par le passé.

Sur quel mode fonctionnes-tu avec Torbjorn ? Comment composez-vous à quatre mains ?
Lorsque nous sommes dans un processus de création, nous cherchons toujours à surprendre l’autre. C’est notre façon de fonctionner. Sur « junior », nous voulions qu’il y ait un fil conducteur et, en même temps, nous voulions que l’ensemble s’apparente à un voyage à travers différentes émotions et sentiments. Certains titres parlent d’anxiété et de tension, de relations amoureuses, d’autres sont plus axés sur le fun et les plaisirs immédiats, sur la beauté des choses. Grâce à toutes les chanteuses qui ont collaborées à ce disque, que ce soit Karin de The Knife, Lykke Li ou Robyn, nous avons le sentiment d’avoir couvert un large spectre des émotions humaines. Avec « Junior », nous avons vraiment le sentiment d’être arrivés à nos fins de ce point de vue-là.

Justement, comment s’est passée votre collaboration avec la chanteuse Robyn sur le morceau « The Girl and The Robot » ?
Nous adorons cette chanteuse. Elle a une personnalité très forte. Ces dernières années, elle a pris une nouvelle orientation musicale, différente de celle qu’elle a suivie au cours des dernières années. C’est très courageux de sa part car elle a une étiquette de chanteuse pop commerciale qui lui colle à la peau. Nous avions l’impression qu’il était temps d’enregistrer ensemble. Le courant est bien passé entre nous car nous avons les mêmes références musicales. De plus, elle a un sens de l’humour proche du nôtre. Elle aime bien plaisanter sur certaines choses basiques du corps humain (rires).

Vous avez récemment proposé le téléchargement gratuit d’un morceau inédit, « Happy Birthday », pour fêter vos dix années d’existence. A ce titre, comment avez-vous traversé cette décennie ?
Au cours de ces dernières années, l’industrie du disque a considérablement changé avec le format digital qui s’est répandu à travers le partage de fichiers mp3. Beaucoup de maisons de disques et de magasins de disques ont fermé leurs portes. Cela a profondément changé la façon dont les gens écoutent la musique aujourd’hui. Le format album n’est plus aussi important qu’auparavant, on est désormais dans une culture du single, du format court. En fait, je crois que nous sommes dans une période de transition et que l’on va voir émerger de nouveaux modes de consommation. Il y aura toujours des besoins pour de la bonne musique.

Est-ce plus difficile de faire de la musique aujourd’hui, d’être réellement créatif ?
En ce qui nous concerne, nous sommes toujours aussi créatifs et aussi curieux de découvrir des nouveautés. La seule chose qui a changé pour nous est la façon dont on élabore notre musique aujourd’hui. Nous essayons de produire la musique en laquelle on croit profondément.

En 2001, est-ce que vous étiez, d’une certain manière, préparés au succès massif que votre premier album a rencontré dans les mois qui ont suivi sa sortie ?
A cette époque, nous arrivions de nulle part avec une formule peu répandue : deux types de Norvège qui font de la musique électronique. Puis, à force de donner des concerts, beaucoup de choses se sont débloquées. Bien entendu, nous ne nous attendions pas à un tel engouement pour notre musique. Avant de former Röyksopp, nous avions fait partie de groupes qui étaient signés sur des labels, donc nous avions une certaine expérience à ce niveau-là. Mais, cela ne nous a pas permis de prédire le succès de « Melody A.M. ». Tout s’est déroulé progressivement et nous nous sommes petit à petit adaptés à cette situation nouvelle engendrée par le succès.

Quelle va être la prochaine étape pour Röyksopp ?
En ce moment, nous sommes dans une période très créative à un tel point que nous voulons sortir très rapidement une suite à « Junior » qui va s’appeler « Senior ». « Junior » parle d’énergie directe, de quelque chose d’immédiat alors que « Senior » sera plus introspectif, principalement instrumental, en jouant sur les contrastes entre les différentes atmosphères. On pourrait presque dire que ce sera l’album de la maturité (rires).

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Propos recueillis par Laurent Gilot
Photo : Stian Andersen

Röyksopp, « Junior » (Wall Of Sound/Virgin)