5.11.2009

DJ Vadim, U Can’t Lurn Imaginashun, symphonie urbaine

Avec son nouvel opus, « U Can’t Lurn Imaginashun », le DJ anglais d’origine Russe propose un véritable patchwork des musiques urbaines du moment et mêle à la perfection musique noire et musique blanche. Le « John Coltrane » s’exprime à ce sujet. 


Peux-tu nous en dire plus sur la conception de ton nouvel album, « U Can’t Lurn Imaginashun » ?
La plupart des gens avec qui j’ai réalisé ce nouveau disque sont des artistes que j’ai rencontrés lorsque j’ai tourné pour la sortie du précédent disque, « Soundcatcher » en 2007.  Sinon, c’est probablement l’enregistrement le plus rapide que j’ai jamais fait de toute ma vie. L’album a été enregistré d’octobre à décembre 2008 à Londres. Je sortais de l’hôpital et j’avais plein d’idées créatives en tête.

Il y a beaucoup de collaborations sur ce disque.
En fait, j’ai rencontré vraiment plein de gens qui souhaitaient travailler avec moi au cours de ma précédente tournée. J’ai réalisé beaucoup d’enregistrements mais quelques personnes ne m’ont pas envoyé les bandes à temps ou certains morceaux n’ont finalement pas été retenus pour ce disque.

Peut-on dire qu’il y a un concept derrière cet album ? Peut-on le décrire comme un disque de world music ?
Mes albums sont toujours comme des carnets témoins d’une certaine période de ma vie. Toutes mes chansons sont connectées entre elles par le simple fait que c’est moi qui les ait conçues. Mais, je ne traite pas de thématiques fortes comme la démocratie, la liberté ou la naissance d’un enfant. Il n’y a donc pas de concept spécifique autour de mes albums.

Peux-tu nous éclairer sur son titre? Tu as voulu jouer avec les mots ?
« Tu ne peux pas apprendre l’imagination » : c’est une vérité et, en même temps, ça ne l’est pas. En général, dans la vie, tu dois apprendre à l’école, tu dois lire des livres, des magazines qui t’enseignent les sciences, les mathématiques, etc… Tu peux apprendre à jouer du piano comme Beethoven ou apprendre à peindre comme Picasso mais, cela ne veut pas dire que tu seras comme ces artistes. Si tu veux créer ta propre musique, tu dois plonger en toi-même pour trouver des sources d’inspiration, de la créativité. Tout ce que tu arrives à être parfois, c’est l’écho de la voix d’une autre personne. D’un autre côté, ce disque est le reflet d’une période particulière de ma vie. L’année dernière, je suis allé à l’hôpital pour une intervention et j’ai eu le temps de réfléchir à ce que j’avais vraiment envie de faire pour mon prochain disque.

Est-ce que tous les chanteurs que l’on peut y entendre sont, en quelque sorte, ta propre voix ?
Oui, d’une certaine façon car je les ai choisi pour ce disque. J’aime ce qu’ils chantent et ils représentent ce que j’ai envie de faire passer dans mes morceaux. Je suis un producteur et je travaille avec des chanteurs que j’oriente et qui portent les valeurs que j’ai en moi, que ce soit musicalement parlant ou au niveau du mode de vie. Ce que je veux avant tout, c’est produire de la musique positive. La musique négative ne m’intéresse pas.

Peux-tu nous en dire plus sur un titre comme « Soldier », par exemple ?
En fait, lorsque ma mère a entendu pour la première fois ce morceau, elle m’a dit qu’il fallait que je l’envoie à l’armée anglaise, que ça pourrait donner envie à certains de s’engager (rires). En fait, je ne tiens pas à supporter l’armée anglais et, par la même occasion, la guerre. Ce titre parle du combat que l’on mène tous les jours pour survivre. Comme j’ai collaboré avec des rappeurs français, « Soldier » parle également de la situation des immigrés en France sous l’ère Sarkozy.

Sur « Maximum », tu utilises la voix d’un rappeur français, La Méthode, comme si c’était un instrument ?
En fait, j’utilise toujours les voix comme un instrument. Ma musique est principalement axée sur le rythme et sur les textures sonores. J’ai envie d’aborder différents genres musicaux, reggae, jazz, soul, hip hop…, avec ma propre approche, des instruments qui ne sont pas forcément les instruments habituellement utilisés dans tel ou tel genre. Sur l’album, il n’y a pas de samples. Toutes les parties instrumentales sont jouées par des musiciens et ensuite j’échantillonne ce qui m’intéresse pour créer quelque chose de complètement nouveau. Sur « Beijos », par exemple, on a l’impression d’entendre un morceau classique très connu (ndlr : « Moonlight Sonata » de Beethoven) mais, en fait, je me suis amusé à donner cette impression, à faire un clin d’œil. 

Propos recueillis par Laurent G
Photo : DR

DJ Vadim, U Can’t Lurn Imaginashun (BBE-La Baleine)
Sortie le 13 mai 2009