A la vue de la pochette, on aurait pu s'attendre à entendre un ersatz de Daft Punk, par exemple. Eh bien, ne vous fiez pas aux apparences ! Ce duo montréalais semble plutôt avoir été sérieusement bercé par la synth pop anglaise, par les mélodies glaciales et instantanées de New Order ou Gary Numan. On pourrait également évoquer Joy Division ou, plus près de nous, l'américain John Maus à cause de la voix caverneuse, abyssale, du chanteur. Il y a souvent de petites touches mi pastorales, mi incantatoires qui surgissent à la faveur de certains titres ("New Face", "Haircut"). Cela nous fait penser que cet album est un disque de nuit printanière, de fin d'hiver tardive, mélancolique mais traversé d'éclairs de vie, de lumière jaillissant par à-coups avec ces accords de synthé parfaitement dosés. On y raconte des histoires d'émois amoureux ("Enemy"), d'envie de sautiller dans tous les sens ("Nie Rozumiem"). D'autre fois, les ambiances sonores évoquent carrément nos amis australiens de Cut Copy qui conçoivent des mélodies lancinantes pour nous transporter, nous inviter à une certaine forme d'introspection. Qui veut prêter allégeance au chevalier avant gardiste ? Nous !
Sibylle GL
Chevalier Avant Garde, Heterotopias (DeBoton/Believe)
