Il est amusant d’entendre susurrer la chanteuse Ruth Radelet des paroles telles que "Rock n' Roll is here to stay" ou "Rock n' Roll will never die" sur des arpèges de guitare nonchalante et des nappes de synthé extatiques ("Into The Black"). Nous avons là un parfait exemple de la capacité des Chromatics, projet du musicien et producteur américain Johnny Jewel, à concilier des styles plus ou moins antinomiques. Ce mélange entre une certaine forme de rock vintage et d'electro discoïde (avec ses synthés analogiques qui n’arrêtent pas de souffler et de craquer) se fait sans la moindre trace de couture, avec une fluidité déconcertante. Et puis, depuis leurs débuts il y a plus de 10 ans à Portland, les Chromatics se sont spécialisés dans le disco lysergique ("Lady"), comme anesthésié, à contre courant de la musique tapageuse diffusée dans les grands clubs commerciaux. Jewel milite pour une lenteur vintage caractéristique de l’italo-disco originelle et refuse d’utiliser un ordinateur pour concevoir sa musique. Le monde des Chromatics est un monde qui s'effrite à force de spleen récurent, mais qui garde encore dans les yeux la petite lumière de l'espoir. C'est assurément ce qui fait la beauté entêtante de ce diamant noir.
Laurent Gilot
Chromatics, Kill For Love (Italians Do It Better-La Baleine)
Sortie le 23 mai 2012
Chromatics, Lady, video
Chromatics, Into The Black






