9.29.2003

Zoot Woman, en mode krautrock

Avec "Living In A Magazine" en 2001, Zoot Woman a brillamment anticipé le revival des années 80. Puis, Madonna a débauché l'un des trois musiciens du groupe, Stuart Price (déjà responsable de deux albums sous le nom de Les Rythmes Digitales) pour l'emmener en tournée (Drowned World Tour) et en studio (cf. "X-Static Process" sur "American Life"). L'expérience américaine terminée, Stuart a retrouvé ses camarades de jeu, Johnny et Adam Blake, pour confectionner un second opus de Zoot Woman qui cherche à se démarquer de son prédécesseur en explorant une veine plus krautrock. Explications.

Stuart, pourquoi as-tu arrêté Les Rythmes Digitales ? Peut-on dire que tu as apporté les influences eighties de ce projet dans Zoot Woman ?
S.P. : En fait, rien ne s'arrête vraiment, tout évolue et se transforme. Quand, nous avons réalisé le premier album de Zoot Woman, je me suis dit que je voulais m'impliquer à 100 % dans ce projet. Sinon, je n'ai pas vraiment apporté avec moi des influences eighties. L'influence de cette époque se ressent dans le son alors que le songwriting, lui, se rapproche de ce qui se faisait dans les années 60/70. Lorsque nous avons développé ce son 80's pour le premier album, peu de gens l'utilisaient à l'époque. Nous tentions alors de nous différencier de la majorité des groupes pop du moment. Même si nous n'avons pas vendu énormément de disques, nous sommes fiers d'avoir pu trouver un style qui nous est propre.

Comment se passe l'écriture à six mains depuis le début ?
Adam Blake : Notre façon de travailler est vraiment "indépendante" car chacun d'entre nous à son home studio qui lui permet d'expérimenter différentes idées. Quand tu travailles depuis un moment avec certaines personnes, cela rend les choses plus faciles car elles te disent franchement si tes idées sont bonnes. Ça permet d'avancer rapidement…
S.P. : Le premier album a été conçu d'une manière plus collective alors que, sur ce dernier, nous avons travaillé chacun de notre côté pour ensuite exposer nos idées aux autres. La plupart des morceaux étaient donc au trois quarts terminé lorsque nous avons commencé à vraiment répéter ensemble. Cette méthode de travail fait que le nouvel album est assez différent du précédent. L'influence majeure vient, cette fois-ci, du krautrock avec de groupes comme Neu!…
Johnny Blake : Certains nouveaux morceaux, "Grey Day", "Useless Anyway" ou "Snow White", sont aussi le fruit de notre travail en live.

Stuart, comment s'est passée l'expérience avec Madonna, que ce soit en tournée ou en studio ?
S.P. : Je n'étais intéressé que par l'argent (rires). Après cette période d'absence, le fait de retravailler ensemble, Johnny, Adam et moi, a été vécu comme un nouveau départ. De plus, comme je joue beaucoup en tant que DJ, cela a apporté quelque chose de plus au nouvel album, surtout sur un morceau comme "Gem" qui est très dansant. En club, tu ne peux pas jouer de titres avec des harmonies vocales compliquées, il faut aller à l'essentiel et c'est un peu l'état d'esprit de ce nouvel album.

Qu'est-ce qui explique que ce disque soit plus mélancolique, plus ramassé que le précédent ?
S.P. : Le premier titre, "Grey Day", est celui qui a déterminé l'orientation musicale globale de cet album. Dès que nous l'avons composé, nous avons su dans quelle direction aller. Cela se rapproche assez du travail de groupes comme Neu!… Mais, c'est dur de se dire que l'on va essayer de refaire la même chose. Il vaut mieux écouter beaucoup de musique et, ensuite, expérimenter sur une guitare, un synthé pour trouver des idées originales inspirées par ce que tu viens d'entendre. Tu as raison de dire que ce disque est plus ramassé que le précédent car nous voulions aller à l'essentiel, sans artifice. Si notre album est assez mélancolique, c'est que nous étions dans cet état d'esprit au moment de son enregistrement. Les choses personnelles qui arrivaient dans nos vies et la situation du groupe vis-à-vis de notre maison de disques ont donné ce résultat.
J.B. : Mais, pour rien au monde nous n'aurions enregistré un second "Living In A Magazine" car nous l'avons déjà fait.
A.B. : Nous avons dit ce que nous avions à dire sur le premier.
S.P. : Nous souhaitons plutôt suivre l'exemple de groupe comme Radiohead qui ose faire des choses très différentes à chaque album tout en s'améliorant. La production et les thèmes abordés dans nos chansons se doivent donc d'évoluer en permanence. Rien ne doit rester figé…


Propos recueillis par Laurent Gilot
Photo DR


Zoot Woman "Zoot Woman" (Wall Of Sound/Labels)
Sortie le 29 septembre 2003

www.zootwoman.com