
Popularisé par la BO de « Transpotting », le groupe anglais Underworld restitue sur un DVD et un album live « Everything, Everything », toute l’énergie et la créativité qu’il déploie sur scène. Ce nouveau projet constitue un brillant témoignage de la dernière tournée mondiale du groupe et de ses activités multimédias protéiformes.
Avec les années de carrière que vous avez derrière vous, est ce qu’il vous arrive de vous prendre pour des stars ?
Karl Hyde : Non, je ne me suis jamais considéré comme une star. Si jamais je commence à me sentir dans la peau d’une star, alors je nettoie mes toilettes et cela me reconnecte immédiatement à la réalité (rires).
Pourquoi avez-vous réalisé un DVD et un album live un an seulement après la sortie de votre dernier opus « Beaucoup Fish » ?
En 99, Rick Smith a voulu réunir des documents sur le groupe et ses dix ans d’activités musicales et artistiques. Étant en tournée depuis plus d’un an, nous avons décidé d’enregistrer quelques concerts afin d’avoir des témoignages de nos prestations scéniques. En ce qui concerne le support DVD, on trouvait qu’il y avait beaucoup de possibilités qui n’avaient jamais été abordées avec une telle diversité et complexité par des anglais. Rick a effectué un vrai travail de passionné et est allé très loin sur ce projet, exploitant au maximum les capacités du DVD. Pour ce qui est de l’album live, « Everything, Everything » n’est qu’un dérivé du support numérique.
Quelle était votre ambition au moment où vous avez créé Underworld ?
Underworld a débuté en 1985 et, à cette époque, on voulait juste faire de la pop music et essayer d’être dans les charts. C’était notre vision des choses et l’on a eu tout faux car c’est vraiment merdique de devenir une pop-star. Certaines personnes nous trouvaient minables… Nous avons misérablement échoué pendant 5 années jusqu’à ce qu’un ami producteur mette le doigt sur notre point faible : les grooves. Il nous a alors conseillé de nous concentrer sur cet aspect de notre musique plutôt que d’essayer d’écrire des pop song. À partir de ce moment-là, tout a changé. À la fin des 80’s, au lieu d’essayer de faire du fric, on a décidé qu’il valait mieux jouer la musique qui nous plaisait vraiment tout en essayant de gagner notre vie à côté. Ainsi, nous n’avions pas besoin de nous compromettre.
Après plus de 15 ans de carrière, pensez-vous avoir réalisé tous vos rêves avec Underworld ?
Oh mon dieu non ! J’espère que nous avons encore des rêves à concrétiser parce que, sinon, il faudrait que nous nous arrêtions immédiatement pour nous reconvertir dans le jardinage, ce qui ne serait peut-être pas une mauvaise chose (rires). Avec Underworld et le collectif d’artistes Tomato (générique de « Trainspotting », pubs Nike…), nous avons réalisé tout ce dont nous avions envie : installations multimédias, écriture de livres, réalisation de films… Nous sommes vraiment le genre de groupe qui ne fait que ce qui lui plaît, l’essentiel, c’est que l’on prenne du plaisir, que l’on soit heureux avec ce que l’on accomplit, cela nous permettra ainsi de continuer le plus longtemps possible.
Ce nouveau projet marque-t-il en quelque sorte la fin d’une période pour Underworld ?
Non, pas la fin mais le début d’une autre. Nous avons le sentiment de nous trouver dans une période de transition, un peu comme Miles Davis qui a longtemps tenu à rester créatif. Ce genre d’attitude nous inspire car il faut toujours démontrer que l’on est capable d’évoluer. Parfois, cela peut être décevant, perturbant pour les fans, mais c’est crucial pour nous. On veut progresser tout en conservant fraîcheur et excitation dans tout ce que l’on entreprend. Avec Underworld, Tomato et nos diverses activités, on essaye en permanence d’être ouvert à la nouveauté en évitant soigneusement d’être cynique.
Au cours de ces deux ans de tournée, quels ont été, pour toi, les concerts les plus marquants ?
Je n’ai aucune préférence, ils sont tous différents car le groupe n’utilise pas de bandes sur scène. Nous improvisons tous les soirs et il n’y a pas de liste préétablie des morceaux. Comme nous ne répétons pas, chaque fois que l’on joue est un moment unique où nous faisons corps avec la foule. Nous essayons en permanence de créer de nouvelles interprétations de nos morceaux, improviser sur ces derniers devient alors une nouvelle expérience pour nous. Que ce soit dans un très petit club ou devant 7 000 personnes, tu dois toujours avoir le sentiment que c’est nouveau.
Comment s’est faite la sélection des morceaux présents sur le DVD et l’album live ?
En fait, c’est le résultat de 2 concerts. Il n’y a donc pas eu de véritable choix en ce qui concerne les enregistrements. Ce qui a été difficile, c’est qu’il a fallu faire un choix sur des concerts de 2 heures et demie pour tout ramener à 90 minutes sur le DVD et 70 minutes sur le Cd.
Comment avez-vous vécu le départ de Darren Emerson ?
À la base, nous sommes deux depuis 10 ans. En fait, le départ de Darren a été une expérience libératrice pour Rick et moi car nous n’avions encore jamais vraiment travaillé ensemble sur scène. De plus, nous n’avons jamais souhaité imposer à Darren toutes les activités que nous faisions en dehors du groupe. Désormais, nous pouvons tout rassembler sous la bannière Underworld.
Propos recueillis par Laurent Gilot
Photo DR
Underworld « Everything, Everything » (JBO/V2)
Sortie le 5 septembre 2000
www.underworldlive.com





